14 février 2019

Le Bizzy : un outil pour apprendre l’autorégulation face aux écrans

Ceux qui nous suivent le savent, l’autorégulation est notre mot préféré à 3-6-9-12 !
Permettre aux enfants – et aux adultes – de n’utiliser les écrans que pour le meilleur, en apprenant progressivement à réguler son temps et ses contenus. Cet apprentissage repose sur une responsabilisation précoce du temps passé devant les écrans : dès que l’enfant commence à utiliser seul des écrans interactifs et non interactifs, idéalement pas avant l’âge de 3 ans, il convient de faire en sorte qu’il associe toujours une durée à un écran. Les mondes numériques sont des mondes où le temps n’existe pas, et nous faisons tous cette expérience récurrente : partis pour répondre à deux mails avant d’aller nous coucher, nous nous retrouvons parfois à surfer 2 ou 3 heures durant, sans avoir accompli la tâche pour laquelle nous avions initialement allumé notre ordinateur ! Nos smartphones, dont la plupart sont désormais équipés d’applis qui comptabilisent le temps que nous y passons, nous annoncent chaque semaine une très mauvaise nouvelle : c’est beaucoup plus que ce que nous imaginions !
Une société suisse, Peacefulfamily, nous a envoyé à l’essai un objet très malin destiné aux enfants et à leurs parents : le Bizzy. C’est un joli hibou en bois, non traité et écoresponsable, qui porte un timer sur son ventre, et une fente entre ses deux oreilles pour y introduire des jetons. On décide avec son enfant et selon son âge de combien de jetons de 10, 20 ou 30 minutes l’enfant peut disposer pour la semaine. A partir de là, lorsqu’il souhaite profiter d’un temps d’écran, il introduit l’un des jetons dans le Bizzy, et le timer compte… et sonne lorsque le temps est terminé ! Quand il n’y a plus de jetons, il n’y a plus d’écran… jusqu’à la semaine prochaine. Ainsi l’enfant apprend progressivement à gérer son temps d’écran, à le répartir, et prend conscience du temps qui s’écoule devant l’écran.
Malheureusement le Bizzy de Peacefulfamily est un bel objet… un peu cher. Mais alors pourquoi pas un petit atelier en famille pour fabriquer artisanalement un système équivalent ? On peut imaginer un simple timer, des jetons en carton que l’on découpe ensemble, et deux petites boîtes : l’une pour les jetons disponibles, l’autre pour les jetons déjà utilisés. Les enfants sont très gratifiés de la confiance qui leur est faite pour gérer leur temps d’écran grâce aux jetons, et ils jouent généralement très bien le jeu. Chez les plus de 7 ans, on peut rajouter au dispositif un « petit carnet d’écran », dans lequel l’enfant note ce qu’il a fait sur les écrans chaque fois qu’il a utilisé un jeton. C’est une bonne manière de pouvoir ensuite en discuter avec lui, de voir si certaines activités reviennent plus souvent que d’autres, et de lui faire d’éventuelles suggestions pour varier ses usages d’écran.

Médecin directeur de l’Hôpital de Jour pour Enfants André Boulloche à Paris, elle travaille plus particulièrement sur les relations que les publics jeunes entretiennent avec les écrans, la communication avec les jeunes enfants, et l’autisme.

 

 

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Association 3-6-9-12

Un regroupement de praticiens de terrain, de chercheurs et d’universitaires, qui souhaitent participer à une éducation du public aux écrans et aux outils numériques en nous appuyant sur les balises 3-6-9-12 imaginées par Serge Tisseron.