A en perdre la raison ?
Pourquoi est-ce qu’on perd ? Parce que l’on joue de malchance ou parce qu’on a pas été assez bon ? Trackmania et Fall Guys : Ultimate Knockout sont deux jeux que nous vous recommandons, mais également deux moyens de creuser cette question et de faire le lien avec un élément des plus importants dans l’apprentissage : gérer sa frustration.
Disponible sur PC et PS4
Fall Guys a le bon goût de laisser de côté les armes à feu pour proposer un battle royal dans un univers archi sucré, mais sans pitié. Imaginez soixante petits personnages rondouillards et colorés se bousculer tant bien que mal dans un château gonflable, pour être parmi les premiers à atteindre la ligne d’arrivée. Le succès du jeu est actuellement fulgurant ! Drôle et original, il propose des parties courtes, mais dans lesquelles le hasard (la malchance ?) pointe assez régulièrement le bout de son nez et peut gâcher les derniers efforts. C’est d’ailleurs un aspect que certains joueurs lui reprochent.
Évidemment, la boutique fourmille de costumes… aussi chatoyants que dispensables. D’autant plus que le jeu est payant.
Bande-annonce Fall Guys : https://youtu.be/z6UrdUAZ7wM
Pour découvrir le jeu en regardant d’autres joueur sur Twitch: https://www.twitch.tv/directory/game/Fall%20Guys
Disponible sur PS4, Xbox One et PC
En revanche, Trackmania n’accorde aucune place à l’aléatoire. Dans ce jeu de course de voitures surréaliste, on s’affronte au travers de parcours mêlant dérapages, loopings et sauts gigantesques. C’est uniquement la maîtrise de sa vitesse et de sa trajectoire qui permettent d’espérer une place parmi les meilleurs. On enchaîne encore et encore le même circuit durant un temps imparti, dans le but de réaliser un temps insurpassable. On tente par tous les moyens de grapiller quelques centièmes en réalisant le tracé parfait. Au contraire de Fall Guys, seules l’insistance et la détermination permettent de progresser. L’échec est alors uniquement attribuable à son propre manque de compétences vis-à-vis des adversaires dominants.
Trackmania est disponible gratuitement (starter), mais il est tout à fait envisageable de lâcher 10 Euros pour un abonnement annuel (standard) et ainsi accéder aux circuits proposés par la communauté (plus fantasques et grisants). En revanche, l’abonnement « Club » est tout à fait dispensable, puisqu’il est à réserver aux joueurs cherchant à participer à des compétitions personnalisées.
Bande-annonce Trackmania : https://youtu.be/yjmzsOOrEnQ
Pour découvrir le jeu en regardant d’autres joueur sur Twitch : https://www.twitch.tv/directory/game/Trackmania
Nous avons donc là deux modèles de jeux en ligne compétitifs, faciles d’accès. Dans les deux cas, la défaite peut s’avérer frustrante et conduire à des débordements émotionnels. De l’extérieur, une telle réaction paraît toujours disproportionnée. Et quand on conseille de comprendre pourquoi un joueur s’énerve, il est plus facile de saisir quels ont été les enjeux avant la déception.
L’impact sur le joueur dans les deux cas de figure n’est pas nécessairement le même, selon le caractère et les sensibilités de chacun. Dans le but d’encadrer au mieux les jeunes joueurs (et ne pas devoir endurer les crises et jurons…), il peut être utile d’évaluer ce qui déclenche le plus la frustration, et de voir en quoi il faut pouvoir « accepter la malchance » ou reconnaître son échec pour voir comment progresser. Mettre l’accent sur plus ou moins de hasard est une mécanique à doser dans la création d’un game design. Il faut que ce soit bien proportionné, sinon les joueurs décrochent (« je n’ai pas l’impression de pouvoir progresser » ou « je progresse sans efforts »).
Comme dans n’importe quelle autre activité de jeu ou de compétition, perdre fait partie des apprentissages nécessaires, ne serait-ce que pour pouvoir continuer de profiter de cette activité dans les meilleures conditions.
Pour les parents à la recherche de compréhension des réactions de leurs enfants lorsqu’ils jouent :
– Essayez de faire le lien avec d’autres activités (jeux de société, sport, courses au trésor, etc.) dans lesquelles votre enfant a exprimé de la frustration quand il perdait. Cela vous permettra de mieux cerner ce qui se passe pour lui/elle. Le jeu vidéo ne fonctionne pas différemment.
– Demandez à votre enfant de vous expliquer (lorsqu’il aura repris son souffle…) ce qui s’est passé juste avant qu’il ne s’énerve pour pouvoir identifier ce qui est frustrant.
– Intégrez l’idée que le jeu vidéo procure des émotions et qu’elles doivent être entendues et gérées comme dans d’autres situations.
– Néanmoins, cela ne veut pas dire que vous tolérez des débordements (sonores, par exemple). Comme dans un match de foot, lorsqu’un joueur dépasse les limites verbales ou physiques, il écope d’un carton d’avertissement ou d’exclusion.
– Faites-vous confiance pour accompagner votre enfant face à ces émotions qu’il est en train d’apprendre à gérer. Vous ne connaissez peut-être pas son jeu, mais les émotions, ça vous en connaissez certainement un rayon !
Il travaille en Suisse sur les thématiques d’usages excessif des écrans, notamment avec des familles. Il utilise le jeu vidéo comme outil thérapeutique et garde un œil attentif sur l’actualité du média (nouveautés, tendances, impacts, etc.). En parallèle à ses activités professionnels, il dirige bénévolement un site de critiques de jeux (www.semperludo.com), ainsi qu’une association de joueurs à l’échelle nationale (www.gamingfederation.ch), à travers laquelle ils visent une pratique du jeu vidéo responsable.
Twitter: @niels_weber, @semperludo, @GamingFed
Niels Weber
Il travaille en Suisse sur les thématiques d'usages excessif des écrans, notamment avec des familles. Il utilise le jeu vidéo comme outil thérapeutique et garde un œil attentif sur l'actualité du média (nouveautés, tendances, impacts, etc.). En parallèle à ses activités professionnels, il dirige bénévolement un site de critiques de jeux (www.semperludo.com), ainsi qu'une association de joueurs à l'échelle nationale (www.gamingfederation.ch), à travers laquelle ils visent une pratique du jeu vidéo responsable.